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"Ceux sans cartable" : quand l’école oublie ses promesses

  • Laura COBIGO
  • il y a 16 heures
  • 3 min de lecture

Billet d’humeur de la présidente

Demain se lèvera sur une nouvelle rentrée. Et je souhaite à chacun le meilleur pour cette nouvelle année ! Mais ce soir, comme les précédents, c’est mon cœur de maman et de maîtresse qui saigne. Douleur du constat récurrent, d’un système qui recule et oublie des enfants. Pour eux, j’ai posé ces quelques mots/maux, car personne ne doit tourner le regard.




"Ceux sans cartable"

Ils avancent, pieds nus sur le sentier des savoirs,

Sous un ciel de craie où s’effacent leurs espoirs.

Leurs yeux, lanternes fragiles dans la tempête,

Portent des soleils qu’on refuse de reconnaître.


La rentrée résonne, cloche claire dans la cour,

Mais pour eux, c’est le silence qui frappe lourd.

Pas de cartable au dos, pas de rires en cascade,

Seulement des murs froids, des portes qui se barricadent.


Leina et Inna, princesses aux ailes brisées,

Restent à la lisière, leurs rêves prisonniers.

Les couloirs du collège s’ouvrent sur des mondes inaccessibles,

Et chaque pas vers demain leur semble impossible.


Hugo, Pierre, et Mila,

Leurs prénoms sont des bourgeons qu’on retient d’éclore,

Prisonniers d’une rentrée qu’on repousse encore,

À cause d’un papier manquant, d’une chaise qu’on n’a pas su prévoir,

À cause d’un système qui détourne son regard.


Et Malo, guerrier discret de son école adaptée,

Trace son chemin de lumière malgré les batailles gagnées.

Mais déjà l’épée de ses seize ans se dresse,

Comme une faux prête à trancher son ivresse de sagesse.


Ces enfants sont des chênes aux racines profondes,

Mais on les plante dans un désert sans eau et sans ombre.

On leur refuse la forêt, la lumière, la sève,

On les condamne à l’attente, à l’oubli, à la grève.


Chaque absence d’éducation est une cicatrice,

Chaque refus, une guerre livrée à l’injustice.

Ne pas scolariser, c’est briser les ailes d’un oiseau,

C’est figer l’horizon, c’est condamner les mots.


Et derrière eux, des parents, armées solitaires,

Lèvent des montagnes de papiers dans l’air,

Épuisés de réclamer ce qui n’est pas un cadeau,

Mais un droit fondamental, une clé, un flambeau.


Alors je rêve d’un monde où l’inclusion coule comme l’eau,

Où elle n’est plus un effort, mais un simple écho.

Où chaque enfant, héros discret du quotidien,

Trouve sa place au milieu du chemin.


Mais aujourd’hui encore, je pleure ceux qu’on oublie,

Ces étoiles voilées qu’on condamne à la nuit.

Et je vous demande, à vous qui portez la lumière :

Combien d’enfants faudra-t-il sacrifier

Avant qu’enfin l’école face tomber ses barrières ?



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La réalité…

Chaque année, les journaux titrent : « L’inclusion, priorité nationale », « L’école pour tous, un pilier de la République ».


Mais derrière ces slogans brillants, la réalité de la cour de récréation est bien plus sombre :

  • Des milliers d’enfants restent encore sans solution scolaire à cette rentrée.

  • Les familles se battent, seules, face à des dossiers qui s’empilent, des réponses administratives qui s’éternisent.

  • Les enseignants, les AESH, les équipes éducatives manquent de moyens humains, techniques et financiers pour accueillir dignement ces enfants.


Les chiffres parlent d’eux-mêmes : alors qu’on brandit l’étendard d’une école inclusive, l’inclusion n’est souvent qu’un privilège réservé à quelques-uns, ou proposée dans des conditions indignes : manque de formation, temps partiel d’accompagnement, classes saturées.


Derrière les statistiques, il y a Leina, Inna, Hugo, Pierre, Mila, Malo… ces prénoms que j’ai mis dans le poème ne sont pas que des mots. Ce sont des enfants bien réels, avec des rêves, des talents, des envies de grandir et d’apprendre comme les autres.

Mais on leur refuse la clé. On leur ferme la porte. On leur dit : « Pas cette année, pas dans cette école, pas avec ces moyens ».


À l’association Des Carrés dans des Ronds, nous ne cesserons jamais de le rappeler :

  • La scolarisation n’est pas un luxe, c’est un droit fondamental.

  • L’inclusion ne doit pas être une option, ni une faveur accordée au compte-goutte.

  • Derrière chaque refus, c’est un enfant qu’on abîme et une société qu’on fragilise.


Alors, en ce jour de rentrée, je m’adresse à vous — parents, enseignants, professionnels, citoyens : ne détournons pas le regard. Continuons à dire, fort et clair :Pas un enfant de plus laissé sans cartable.


Laura Cobigo,

Présidente de l’association "Des Carrés dans des Ronds",

Enseignante spécialisée,

Mère aim(d)ante

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