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Les oubliés du progrès : chronique d’une inclusion inachevée

  • Laura COBIGO
  • il y a 10 minutes
  • 2 min de lecture

Pendant que l'école française se félicite de ses progrès en matière d’inclusion, une réalité beaucoup plus dure continue de frapper les familles concernées par le polyhandicap : leurs enfants restent les grands oubliés du système éducatif.


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L’enquête 2025 de la DREES le confirme avec une clarté qui devrait tous nous alerter : 62 % des enfants polyhandicapés accompagnés en institution ne sont toujours pas scolarisés. Et pour ceux qui le sont, la scolarisation se limite trop souvent à quelques heures par semaine, loin d’un véritable parcours éducatif.


À travers cette lecture critique et engagée des résultats de la DREES, notre article met en lumière ce que les chiffres révèlent – et ce qu’ils cachent. Car ces données ne concernent que les jeunes suivis en établissement médico-social. Elles laissent dans l’ombre tous ceux qui vivent à domicile, sans solution scolaire, sans accompagnement suffisant, parfois sans reconnaissance de leurs besoins. Ces enfants invisibles ne comptent nulle part, sauf pour leurs familles qui, elles, portent tout.


Pour les enfants polyhandicapés, l’école inclusive n’est pas encore une réalité. Alors que 8 à 9 élèves sur 10 sont scolarisés dans la plupart des autres formes de handicap, seuls 4 sur 10 le sont dans le polyhandicap. Et seulement 1 sur 10 franchit les portes d’une école ordinaire.

Comment parler d'inclusion quand l’accès au droit fondamental à l’éducation reste si profondément inégal ?


Ce que nous montrons dans cet article, c’est l’écart immense entre les discours nationaux et le vécu des familles. Loin des moyennes nationales rassurantes, le polyhandicap révèle une ligne de fracture dans les politiques publiques : manque de places, manque d’accompagnants, manque de formation, manque de coordination, manque de vision, manque de présomption de potentiel et de compétences. Et pourtant, les besoins sont immenses, les capacités d’apprentissage sont réelles et maintenant prouvées, et les familles réclament simplement que leurs enfants aient, eux aussi, une place pour apprendre, communiquer, participer et exister pleinement.


Chez "Des Carrés dans des Ronds", nous refusons que ces enfants restent invisibles. Nous refusons une école inclusive à géométrie variable, qui laisse de côté les enfants les plus dépendants, les plus fragiles, les plus oubliés.

Notre analyse de la DREES 2025 n’est pas seulement un travail d’interprétation statistique : c’est un appel. Un appel à reconnaître la dignité, la singularité et les droits des enfants polyhandicapés. Un appel à transformer réellement l’école, et pas seulement ses chiffres. Un appel à ce que chaque enfant, quel que soit son handicap, ait enfin accès à une éducation digne, stable, amibitieuse et adaptée.


Puissions-nous un jour regarder en arrière et sourire de ces articles que nous devons encore écrire aujourd’hui, parce qu’alors l’inclusion ne sera plus un mot à défendre mais une évidence partagée, un souvenir d’un temps où l’on devait encore rappeler que les plus vulnérables avaient, eux aussi, droit à leur place.


Laura Cobigo

Présidente de "Des Carrés dans des Ronds"


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